Dans un coin ensoleillé de Bormes les Mimosas, Laura et Rémi ont créé La Butinerie, une exploitation apicole qui offre des miels naturels aux saveurs uniques. Leur parcours dans le monde des abeilles a commencé dès l’enfance, avec Rémi accompagnant son père dans les ruches. Aujourd’hui, ils élèvent leurs abeilles avec amour et veillent à promouvoir la biodiversité et la durabilité. Dans cette interview, nous plongeons dans leur histoire, leur engagement et leur passion pour les abeilles et le miel.
Quel a été votre parcours pour devenir apiculteur ?
Je suis né dans les abeilles. Ma mère à l’époque mettait une moustiquaire sur mon berceau pour que je puisse les approcher. C’est sûrement pour cette raison que je travaille aujourd’hui en confiance avec mes amies ailées, la plupart du temps sans mes gants. J’ai appris le métier auprès de mon père que j’accompagne depuis toujours. Enfant, je tenais l’enfumoir pour que les abeilles restent calmes et que mon père travaille sereinement. J’espère à ce moment là que, dans quelques années, ce sera lui qui m’accompagne avec le même geste.
Quels sont les défis du métier d’apiculteur ?
Être au bon endroit, au bon moment
Un des défis du métier d’apiculteur est de suivre les miellées. Pour récolter du miel de lavande, par exemple, il nous faut amener nos ruches à moins de 3km des champs de lavande, juste au début de la floraison. Il nous faut ensuite récolter les hausses pleines de miel dès que ces fleurs fanent ou sont coupées. C’est ainsi que nous savons que nous avons du miel de “lavande” et pas d’une autre fleur. Nous déplaçons ainsi les ruches au fil des saisons et les floraisons pour récolter différents miels. C’est ce que l’on appelle la transhumance.
Pourquoi avoir choisi Bormes les Mimosas pour implanter la miellerie ?
Tout près du village, se trouve l’ancienne maison de mon grand-père. Nous nous y sommes installés il y a une dizaine d’année, et c’est là que tout a commencé. Bormes les Mimosas offre un site exceptionnel pour les abeilles. C’est un cadre ensoleillé, naturel et préservé. L’hiver est doux et la saison apicole y commence tôt. Dès le mois de février, les abeilles vont chercher du pollen de mimosas pour nourrir leur progéniture. Nos ruches sont installées au milieu des étendues sauvages de maquis, entre le bord de mer et le Massif des Maures.
Quelques chiffres clés
35
ans d’expérience auprès des abeilles
42 125 683
abeilles à La Butinerie
41 230
km par abeille pour 1kg de miel
Quelle est la particularité de vos miels ?
À La Butinerie, nous sommes “grands transhumants”. Nous avons des ruches dans le Sud qui récoltent les miels de maquis, de garrigue et de lavande. Mais nous avons aussi des ruches dans le Massif Central et jusque dans le Centre de la France, chez les parents de Rémi. Là-haut, elles nous donnent des miels plus originaux comme le sarrasin ou la coriandre. Ou tout simplement les miels de fleurs, acacia et châtaignier. Leurs disponibilités restent aléatoires et dépendent bien sûr des aléas de la nature.
Du vrai miel, 100% de nos abeilles !
Nous pouvons ainsi proposer une large gamme de miel à déguster. Pour autant, notre engagement est fort : nous présentons uniquement des miels naturels, issus de notre exploitation, récoltés par nos abeilles.
Y a-t-il des saveurs uniques liées à la région de Bormes ?
Nos ruches sont placées entre le massif, la plaine et la route des crêtes, vue sur mer. Dès le printemps, les abeilles butinent les fleurs sauvages du bord de mer, la bruyère blanche, la lavande papillon et l’asphodèle. Ces précieux nectars composent le fameux miel de Maquis, le miel de Bormes les Mimosas. Ce miel a du caractère et d’étonnantes saveurs caramélisées.
Quelles sont les étapes de fabrication du miel ?
De l’élevage des abeilles à la mise en pot du miel, nous réalisons chaque étape nous-mêmes et avec le plus grand soin. La saison commence dès le mois de mars avec l’élevage. Nous élevons nos propres reines d’abeilles, pour former des essaims, des “bébés ruches”. Nous nous occupons de nos ruches tout au long de la saison, au fil des transhumances. À chaque fin de floraison, nous récoltons le miel. C’est-à-dire que nous allons chercher les hausses pleines de miel pour les ramener à la miellerie. C’est dans ce bâtiment, à Bormes les Mimosas, que commence l’extraction du miel.
Une fois le miel mis en pot, nous assurons également nous-mêmes la vente de nos produits sur les marchés ou à la miellerie. Voilà pour le consommateur une traçabilité parfaite.
Quelles sont vos initiatives pour promouvoir la biodiversité et la durabilité ?
Un métier qui a du sens
Voilà ce qui nous anime et nous donne l’énergie indispensable pour faire face aux aléas climatiques et aux difficultés de notre métier. À notre niveau, nous espérons apporter notre pierre à l’équilibre de la biodiversité.
Les abeilles produisent un produit gourmand, le miel, et cela fait déjà notre bonheur. Mais vous savez-bien que le processus de fabrication du miel participe également à la pollinisation. En prenant soin de nos ruches et en élevant chaque année de nouvelles colonies, nous espérons ainsi participer à la sauvegarde des abeilles et de la biodiversité.
Quelles sont vos actions envers l’éducation des publics sur les abeilles et l’apiculture ?
En saison, la miellerie ouvre ses portes au public. L’idée est de découvrir le bâtiment de travail. Au cours de cette visite, on peut voir, toucher, sentir, goûter. Nous avons imaginé un parcours ludique et interactif pour apprendre en s’amusant, pour petits et grands.
En visite guidée ou librement, le visiteur découvre la fabrication du miel, de la fleur à la ruche, jusqu’à la mise en pot. Convaincus que notre avenir se construit ensemble, ces visites, gratuites et accessibles à tous, sensibilisent à la protection de l’environnement et participent à la sauvegarde des abeilles.
À la miellerie, nous avons également le plaisir de recevoir des groupes scolaires. Les petits découvrent la vie de la colonie et approchent de près les abeilles de la ruche vitrée. L’enjeu est de comprendre le rôle des abeilles dans l’équilibre de la biodiversité.
Il y a 10 ans, Rémi voulait se lancer dans les abeilles et monter son exploitation. De son côté, Laura se voyait plutôt poursuivre ses projets culturels à la ville, pour travailler dans un musée. Un soir, alors qu’ils essayaient d’imaginer les contours d’une vie à 2, ils ont dessiné sur un bout de papier le croquis d’une idée folle. “Une grande miellerie à visiter, avec une exposition incroyable sur les abeilles”. Laura s’endormait sur ce rêve utopique, mais Rémi commençait déjà à chercher un terrain agricole à Bormes les Mimosas pour réaliser ce rêve ! C’est ainsi qu’est née La Butinerie 🥰
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