Le projet du Chemin des Sages naît lors d’une séance du Conseil des Sages formé de 9 femmes et 9 hommes de 60 ans et plus, choisis pour leur sage expérience par les Conseillers municipaux. Ce jour-là, le sujet de réflexion porte sur la question de savoir comment faire vivre notre devise républicaine “Liberté, Égalité, Fraternité” ?
La naissance du Chemin des Sages
L’idée germa que parsemer la ville de phrases émanant de femmes et hommes illustres, mondialement reconnus pour leur sagesse et leur humanisme, pourrait interpeller la conscience des passants borméens comme touristes. Afin de justifier cet audacieux et innovant projet aux yeux du Maire et de son Conseil municipal, la décision est prise d’allier ce parcours aux plaques historiques qui devaient être installées sur les monuments emblématiques de la ville. Les membres du Conseil des Sages ont alors déterminé le parcours de ce chemin au sein du village médiéval et travaillé sur le support, les textes, les images et symboles de ces plaques.
Le symbole du papillon est choisi car il représente la joie, la beauté, la grâce et la légèreté de l’être. Il renvoie au pouvoir de transformation personnelle par sa forte puissance de renaissance. En effet, avant d’être papillon, cet insecte est d’abord un œuf, puis il devient chenille avant d’être une chrysalide et finalement un papillon. Chaque nouvelle étape symbolise un changement dans la vie, le lâcher-prise sur ce que vous étiez pour apprécier ce que vous êtes devenu. En tant que symbole de la sagesse, cet animal est une source d’inspiration dans la vie. Sous ses apparences fragiles,
le papillon est doté d’une grande force. En effet, sa vie est éphémère (durée de vie de quelques jours à quelques semaines) et cependant, il répand joie et bonne humeur par la grâce et la beauté de son vol, appréciant chaque instant que la nature lui offre. Alors pourquoi ne pas faire comme le papillon, aborder avec confiance tout ce que la vie nous offre, bonne ou mauvaise expérience, car après tout cela ne dure qu’un instant. Ces expériences passées ne sont-elles pas la meilleure préparation à l’avenir nous permettant d’avancer ainsi plus sereins sur les chemins de la vie ?
La biographie d’Alexandra David-Néel
Exploratrice, musicienne, icône de l’émancipation féminine, journaliste et écrivaine franco-belge.
Louise Eugénie Alexandrine Marie David, connue sous le nom d’Alexandra David-Néel est née en France le 24 octobre 1868, fille unique d’une mère belge catholique et d’un père Français protestant et franc-maçon. Elle se convertit au bouddhisme à l’âge de 21 ans, passionnée par l’Orient, elle s’initie au sanscrit, au tibétain et suit divers enseignements. Elle entre au Conservatoire Royal de Bruxelles pour apprendre le chant et le piano. Chanteuse d’opéra, elle devient la première chanteuse à l’opéra de Hanoï avant de rencontrer, à Tunis, son futur époux Philippe Néel, ingénieur en chef des chemins de fer tunisiens, qu’elle épousera en 1904.
En 1911, elle part seule pour un périple en Inde et au Tibet faisant la promesse à son époux de revenir au bout de 18 mois. Elle ne reviendra que 14 ans plus tard. Néanmoins, les époux resteront liés par une riche correspondance écrite témoignant de leur attachement mutuel. Durant son périple dans l’Himalaya, elle rencontre Aphur Yongden qui deviendra son fils adoptif. En 1912, elle est reçue en audience par le 13ème Dalaï-lama, puis elle parcourt le Tibet, la Chine et le Japon et échange avec de nombreux religieux. De 1923 à 1924, déguisée en mendiante, avec son fils adoptif Aphur Yongden déguisé en moine, ils parcourent plus 2000 km et entrent dans Lhassa, capitale du Tibet interdite aux étrangers, y passent 2 mois avant d’être démasqués. À leur retour en France, Alexandra découvre la notoriété que son aventure lui a permis d’acquérir et publie son récit. Elle écrit plusieurs articles dans le journal féministe La Fronde, fondé par la journaliste et actrice Marguerite Durand et participe à des réunions du Conseil national des femmes françaises. Alexandra David-Néel luttait pour l’émancipation économique des femmes, ce qui l’éloigna des féministes issues en majorité de la bourgeoisie.
La longue période de sa vie précédant la célébrité conquise dans le monde des lettres et de l’orientalisme constitue autant la source que le fondement déterminant d’un parcours si extraordinaire pour une femme de son époque. Riche d’une immense diversité de rencontres et d’enseignements, sa vie fût construite autour d’engagements sociaux et politiques. D’une part, avec ses positions féministes et anarchises, d’autre part, philosophiques avec la franc-maçonnerie. Enfin, elle connut également une vie artistique accomplie lors de son passage par l’art lyrique. Alexandra David-Néel meurt le 8 septembre 1969, à l’âge de 100 ans. Ses cendres et celles de son fils adoptif sont dispersées dans le Gange. Le nom d’Alexandra David-Neel est indissociable de l’exploration du Tibet.
Lou Portaou et les venelles du Moyen-Âge
“Lou Portaou”, en provençal, désigne l’entrée principale du village. Autrefois, c’était la seule porte permettant le passage des charrettes. Située en hauteur par rapport à la rue Carnot, l’accès se faisait, comme aujourd’hui, par une rampe. Pendant les périodes de possessions seigneuriales, notamment lors des épidémies telles que la peste, cet endroit était gardé. Ce passage important pouvait également servir de péage pour diverses taxes. Il devait être suffisamment haut et large pour permettre le passage d’un attelage chargé ou d’un homme à cheval. Dès son entrée, tout visiteur se trouvait sous la protection des remparts et des hommes armés de la seigneurie. La muraille, d’une hauteur de 6 à 8 mètres et d’une largeur de 1,30 mètre, entourait le village primitif.
À partir de cette entrée, les visiteurs pouvaient se disperser dans le village, organisé autour de ruelles étroites, construites en suivant le relief tortueux et en utilisant les roches comme points d’ancrage. L’objectif principal était simple : briser la course du vent dominant. Le mistral, ce vent froid venant du Nord-Ouest, pouvait être très destructeur et souffler pendant plusieurs jours. La petitesse des ruelles pouvait également représenter un obstacle pour un envahisseur, limitant le passage d’un grand nombre de soldats et entravant ainsi une attaque.
Le sol était généralement en terre battue, à l’exception des ruelles à fort passage ou des pentes prononcées. Dans ces cas-là, les villageois créaient une “calade”, un revêtement pavé de pierres locales, posées sur la tranche pour protéger le sol des dommages causés par les passages fréquents et l’érosion. Bien que l’écoulement des eaux de ruissellement soit canalisé, les rues servaient également de dépotoir. Dans les rues très pentues, elles devenaient ainsi glissantes, comme en témoigne le nom de la rue Rompi cuou, où il était facile de glisser et de se blesser… à l’arrière-train !