Dressé sur un piton rocheux de 35 mètres de haut, ce site hors du commun situé à la pointe du petit hameau de Cabasson, domine la côte méditerranéenne et les îles d’Hyères. Résidence seigneuriale fortifiée au Moyen-Âge, il devient en 1968 la Résidence officielle des présidents de la République sur proposition du Général De Gaulle. Depuis, tous les chefs d’Etat de la Vème République y ont séjourné. Rentrez dans l’histoire du Fort de Brégançon.

Le Fort de Brégançon

Le Fort à travers les époques

Du VIe siècle avant J.-C. à l’an 1348

L’histoire du Fort de Brégançon s’étale sur plus de
2400 ans. Du fait de sa position géographique stratégique dominant les
rades d’Hyères et de Toulon, il fut très rapidement occupé.
Au VIe siècle avant J.-C., le géographe grec Etienne de Byzance nomme l’endroit comme étant Pergantium, un comptoir où transitent quantités de marchandises. L’îlot sert d’oppidum maritima, un lieu en hauteur, d’où il sera possible de surveiller le trafic maritime et duquel on va pouvoir également appréhender les menaces venant de la mer.

Dans la longue période sombre qui va suivre et durer plusieurs siècles, le territoire est régulièrement pillé de ses richesses, par le voisinage immédiat, soumis aux incursions pirates ou sarrasines. Guillaume 1er, dit « le Libérateur » va chasser les sarrasins en 973 lors de la bataille de Tourtour et du Fraxinet. Ses victoires vont contribuer à libérer et sécuriser tout un territoire.
En récompense des « services rendus », plusieurs personnalités de l’entourage de Guillaume 1er, comte de Provence, vont recevoir en gestion des lots de terres vacantes, amorces des premières seigneuries. L’îlot de Brégançon et la forteresse (construite sur le continent dans cette période) deviennent la seigneurie de Brégançon.

Damien Bonfils
Le Fort de Brégançon

Charles d’Anjou, frère cadet du roi Saint Louis et comte de Provence se marie en 1246 avec Béatrice de Provence, héritière du comté. En 1257, il rachète les biens de la communauté de Marseille. Il chasse la famille de la Maison de Fos, récupère Hyères, les îles, les salins et le Fort de Brégançon. Le castelet d’entrée, toujours existant de nos jours, date de cette époque. Roger de Fos se verra offrir en échange 22 localités dont celle de Bormes, devenant ainsi le 1er seigneur de Bormes.

Un fait marquant en 1348,

alors que la Provence est sous la menace d’une énième épidémie de peste, Brégançon voit débarquer dans l’anse du Fort, la reine Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence. La forteresse va servir de refuge provisoire à la reine qui a précipitamment fui l’Italie, soupçonnée d’avoir fait assassiner son mari, André de Hongrie.

De la révolution à aujourd’hui

Les siècles suivants apporteront leur lot d’évènements comme un passage du condottiere Spinola se conduisant en véritable pirate, ou des guerres de religions, très meurtrières et déstabilisantes pour cette Provence déjà en proie aux troubles.

À la Révolution, après la reprise de Toulon aux Royalistes, Napoléon, alors simple capitaine, est chargé de la restructuration des défenses de la côte méditerranéenne. Pendant l’hiver 1793-1794, Napoléon séjournera au Fort, le rééquipant d’une batterie de canons de 36, redonnant au site une place importante dans le schéma défensif du secteur.

En 1919, après le Première Guerre mondiale, le fort est déclassé militairement, mais est classé site pittoresque en 1924. Robert Bellanger, industriel et homme politique français, loue alors le Fort à l’Etat. Il y fera de gros travaux : eau courante, électricité, digue, pour pouvoir y vivre décemment et recevoir de nombreuses personnalités publiques dont les présidents de la IVe République, René Coty et Vincent Auriol.
Cependant, la Seconde Guerre mondiale arrive, le Fort est réquisitionné par une compagnie allemande dont le poste de commandement est à Bormes village. Bellanger est contraint de quitter les lieux. En 1964, le Président de la République, Charles de Gaulle, loge au Fort le temps d’une nuit lors des commémorations du 20e anniversaire du débarquement de Provence, le site prend alors à partir de ces années-là, une autre fonction.

La résidence présidentielle

Le Général de Gaulle ne passe qu’une seule nuit au Fort. Cependant, il décide tout de même de lui donner le statut de résidence présidentielle en 1968. Le Fort et l’îlot sont classés monuments historiques. Pierre-Jean Guth, architecte de la Marine nationale, transforme le Fort en une résidence paisible tout en respectant ce qu’il reste de la vieille forteresse.

Dès lors, tous les présidents de la Ve République y séjourneront au moins une fois.

Un président, une histoire…

Georges Pompidou

Georges Pompidou apprécie le site pendant ses vacances et décide d’ouvrir ses portes aux médias. Différents artistes seront conviés pour revoir l’ameublement de la forteresse.

Valéry Giscard d’Estaing

Dans la lignée, Valéry Giscard d’Estaing séjourne au Fort de nombreuses fois avec sa famille et lui donne une image jeune et dynamique.

François Mitterand

Pour François Mitterrand, Brégançon aura un intérêt autre, celui des réunions de travail.

Jacques Chirac

Le Président Chirac est attaché au Fort qui se trouve dans le Var : il a passé une partie de son enfance au Rayol, distante de quelques kilomètres des murailles de la forteresse. Le président et la Première dame y séjournent plusieurs fois, fréquentant les messes dominicales du village. Mme Chirac honorera de sa présence une des principales manifestations du village : le Corso fleuri, en devenant sa présidente d’honneur. 

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy passe également du temps au Fort, contrairement à François Hollande.

François Hollande

Décide de ne pas l’utiliser comme résidence présidentielle et l’ouvre aux visites publiques en 2014, confiant sa gestion au Centre des Monuments Nationaux.

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, Président de la République depuis 2017, apprécie l’idée que le site soit accessible aux français. Il fait alors le compromis d’alterner entre visites publiques et résidence présidentielle. Il séjourne souvent l’été à Bormes les Mimosas, l’occasion pour lui de se reposer en famille tout en organisant des réunions de travail allant même jusqu’à recevoir des personnalités politiques comme Theresa May en 2018, Vladimir Poutine en 2019 ou encore Angela Merkel en 2020.

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